Critique: Ravaged House

Publié le par Rick Jacquet

RAVAGED HOUSE: ZOROKU'S DISEASE

Ravaged House: Zoroku's disease
Titre original : Tadareta Ie: Zoroku no Kibyo
2004 - Japon
Genre: Fantastique
Réalisation: Kazuyoshi Kumakiri
Musique: -
Scénario: -
Avec Marie Kawaguchi et Satoshi Morishita


Zoroku vit avec ses parents et sa petite sœur dans un petit village. Tout va bien pour eux, jusqu’au jour où Zoroku est frappé par une étrange maladie : son corps se décompose. Toute la famille ne sait comment réagir : le père l’ignore, la mère est confuse, tandis que sa sœur cherche à la protéger par tous les moyens.

Voilà enfin le dernier des films issus de l’anthologie Theater of horror, imaginé d’après les mangas de Hideshi Hino. Des films jusque là très variés, entre le gore et amusant Boy from Hell, le très chiant Death Train, le sympathique Doll Cemetary et les très bons Dead Girl Walking et Lizard Baby. Ravaged House se situe entre le sympathique et le décevant, alors qu’il avait toutes les cartes en main pour être dans la lignée des meilleurs films de cette anthologie. Mais quelque chose ne fonctionne pas. Nous y suivons une famille tout ce qu’il y a de plus banale. Le père, la mère, et les deux enfants. Zoroku, de vue environ 18 ans, et sa sœur un peu plus jeune. Ils vivent dans un tout petit village, mais on ne saura pas grand chose de celui ci, les seules choses que l’on apprendra sur les autres membres du village sont minimes, et on n’apercevra que très peu d’autres personnes, à l’exception d’un jeune homme craquant pour la sœur de Zoroku, et de son père, le Maire. Ici, c’est bien le drame familial qui intéresse le réalisateur adaptant l’histoire de Hino. Très rapidement après nous avoir présentés les différents membres de cette famille, le drame se produit, Zoroku, sans explications, est touché par une maladie. Il perd tout d’abord une dent, puis son corps commence littéralement à pourrir. Mais pour qui s’attend à une déferlante d’effets gore, ce ne sera pas le cas. Zoroku sera rapidement caché sous une sorte de cape, et son corps recouvert de bandages. Car encore une fois, ce n’est pas vraiment ce qui intéresse le réalisateur. Parfois, en montrer peu est bien suffisant, et cela fonctionne en effet parfaitement ici. Ce qui intéresse vraiment le metteur en scène, c’est la façon dont les différents membres de la famille et leur entourage vont réagir face à cette situation anormale.

Le père, lui, restera très distant. Il sera incapable de regarder son fils en face. Lors des très nombreuses scènes de repas, alors que son fils malade est juste dans la pièce d’à côté, la porte ouverte, il lui tournera le dos à chaque fois. Le silence se fera total, une gêne s’installe et ne s’estompera pas. Le père sera carrément malade par la situation. La mère sera plutôt confuse, la mère protège son enfant, mais ne supporte pas la situation. Ses réactions seront moins extrêmes que celles de son mari, ce qui apportera d’ailleurs quelques conflits, le père décidant que pour éviter de faire souffrir son fils, il vaudrait mieux abréger ces souffrances. Zoroku sera tout à fait passif face à toutes ces embrouilles, face à ce dégout qu’il provoque chez les autres. Il souffre, mais ne l’exprime pas, arrivant à peine à marcher, à articuler quelques mots. Si cela aurait pu être très intéressant à développer, le film ne se fixe justement par sur lui et son sort, et on a donc du mal à s’attacher à ce personnage, à avoir de la pitié pour lui ou du dégout comme les autres personnages. Au final, le gros point fort et le personnage le plus développé sera la sœur de Zoroku. Très proche de lui avant l’incident, elle continuera de l’être après. S’occupant sans arrêt de lui, l’aidant à marcher, lui parlant, elle s’opposera plusieurs fois à son père quand au sort de son frère, avec une violence parfois surprenante. Sa relation avec Zoroku, ses parents, ou même les personnes extérieures sont des plus intéressantes.

En ce sens, la scène où le maire et son fils viendront rendre visite à la famille pour confirmer les rumeurs circulant reste la meilleure scène, tant l’on voit vraiment ce dont chacun est capable dans ce genre de situations. Pour les habitants du village, c’est un mélange de dégout, de peur et de moqueries. Zoroku est différent des autres, il ressemble à un monstre, donc ils le craignent, mais en même temps cela les amuse, Zoroku est faible et vulnérable. Le ressenti du père lors de cette scène est d’ailleurs assez étrange, on ne sait pas vraiment ce qu’il éprouve pour son fils, ou si la situation le dérange surtout vis à vis de lui, de la façon dont les autres habitants vont le traiter lui et sa famille après cette découverte. Seule la sœur restera toujours fidèle à ses convictions et à l’amour qu’elle dédie à son frère. Avec tout cela, surtout que la réalisation est assez réussie pour un tournage en vidéo, vous vous demandez ce qui ne colle pas forcément dans le métrage. Et bien, au final, sans doute le ton trop sérieux et le manque de développement des personnages autre que la sœur et le père sur une durée d’1h03 finie par déranger, en ce qui me concerne en tout cas. La lenteur de l’action n’aurait pas dû déranger, mais au final, vu le point faible expliqué juste ci dessus, le temps peut parfois sembler long, voir très long. Le final, bien que réussi, était finalement bien prévisible. Ravaged House n’en reste pas moins intéressant, mais il ne faut pas s’attendre à un film sanglant et visuel, mais plutôt au développement d’un personnage, qui n’est pas celui que l’on attend forcément.

 

NOTE: 07/20
En bref: Des choix intéressants, mais trop de choses laissées en arrière plan qui affaiblissent le rythme. La sœur du Zoroku est un personnage passionnant, les autres sont creux ou sous développés. Reste quelques grandes scènes.

Publié dans Critiques

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