Critique: Vampyros Lesbos

Publié le par Rick Jacquet

VAMPYROS LESBOS

Vampyros lesbos
1971 - Espagne / Allemagne
Sortie française le 9 Janvier 1975
Genre : Erotique / Vampires
Réalisation: Jess Franco
Musique: Manfred Hubler & Siegfried Schwab
Scénario: Jess Franco et Jaime Chavarri
Avec Ewa Strömbert, Soledad Miranda, Andrés Monales, Dennis Price et Jess Franco


Une jeune femme débarque sur une île au large des côtes turques pour une affaire d'héritage. Elle va y tomber sous le charme d'une femme-vampire : ses fantasmes et ses obsessions vont alors prendre corps.

Jess Franco, un homme très productif dans le cinéma espagnol et allemand des années 60, jusqu’à son décés récemment. Et surtout, un bon paquet de navets, même pas drôles, chiants, et mou du genou. On pourra citer au hasard L’abîme des morts vivants ou Une vierge chez les morts vivants. Et oui, deux films de morts vivants presque sans morts vivants, mais avec pas mal de filles nues. Bien mince, et surtout pénible à regarder. Et pourtant, en regardant de plus près sa carrière, plusieurs titres reviennent souvent, et sont connus. Vampyros lesbos fait partit de ces films là, et doit sans doute rester une des rares bonnes surprises dans la filmographie du bonhomme, bien encrée dans son époque : les années 70. Franco y conserve ici les défauts de la majorité de ces films, c'est-à-dire une certaine lenteur dans l’histoire, et ses plans, mais parvient à y ajouter une âme, et même, attention exploit, une certaine beauté dans ses plans, ce qui n’était pas gagné d’avance, avec son sujet : une vampire lesbienne. Et pourtant, dés le premier plan, une certaine magie fait son effet. L’éclairage est travaillé, les plans varient entre gros plans sur les yeux et visages, et plans larges maîtrisés et agréables, le tout sur une musique elle aussi encrée purement dans son époque, et donnant une vraie ambiance psychédélique aux scènes. Etrangement, ce seront d’ailleurs les plus longues scènes du film, et où il se passe le moins de choses, qui se révéleront être les meilleures.

Linda est une jeune femme travaillant pour une agence s’occupant d’héritages, vit en ce moment des nuits agitées. Elle y voit une femme, brune, nue, qu’elle ne connaît pas, et elles finissent par s’enlacer. Un jour, avec son copain, elle assistera à un spectacle, et se retrouvera troublée par ce qu’elle voit. La fille dansant nue sur scène n’est autre que la femme de ses rêves, Nadine. Voilà pour le début du pitch, très simple, comme toujours chez Franco, mais qui pour une fois, détient un petit quelque chose en plus. Pourtant, la partie érotisme est toujours très présente dans ces films, mais Franco évite de faire de ces scènes des passages chiants à regarder. Comme si, captivé par le film, il avait réussit à filmer les créatures de rêve du film avec une réelle envie, une passion, et cela se ressent énormément à l’écran. Parmi les créatures de rêve qu’il filmera à l’écran, on retrouve la magnifique Soledad Miranda, qui avait déjà eu la chance ( !) de jouer pour Franco en 1970 dans Eugénie de Sade. Dans ce film, elle est absolument magnifique, qu’elle soit habillée ou nue. Rapidement dans l’histoire, Linda va être envoyée sur une île afin de s’occuper des affaires d’héritage d’une comtesse. Qui va s’avérer être Nadine, la femme de ses rêves. Comme dit dans le titre, elle n’est plus humaine, c’est une vampire. Mais Franco se moque bien du mythe de base et ses vampires sont totalement encrés dans les années 70. Hypnotisante, passionnante, sulfureuse et attirante, voilà la vampire selon Franco. Mais attention, ne vous attendez pas à un film d’horreur, car vous serez fortement déçus.

L’horreur, tout comme le sang, sont très peu présents dans le film. Vampyros Lesbos s’axe plus sur l’attirance des victimes pour la vampire. Attirance physique et mentale. Et grâce à une mise en scène classe et de magnifiques éclairages, le pari est réussit haut la main. Les différentes scènes où l’actrice Soledad Miranda danse sur scène, où les scènes érotiques entre elle et sa victime, jouée par Ewa Strömberg, ont une âme et empêchent le film de n’être qu’un vulgaire film érotique comme M6 en a tant diffusé. Mais malgré tout, le film contient son petit lot de faiblesses. Ainsi, le personnage de Memmet, travaillant à l’hôtel, et joué par Franco lui-même, n’était pas forcément utile au récit. Sa première apparition le faisait juste passer pour le vieux qui donne un avertissement, comme ce fut le cas plus tard dans les Vendredi 13, mais sa réapparition en fin de métrage n’était pas forcément utile, si ce n’est pour étaler la durée du métrage, qui souffrira ainsi par moment de quelques petites longueurs. Mais rien de vraiment désagréable, comparé à d’autres métrages de Franco. Vampyros Lesbos mérite d’être vu, en gardant à l’esprit l’époque du film, qui est sans doute ce qui lui donne son petit cachet si agréable.


NOTE: 12/20
En bref: Pas désagréable pour une fois, ce film de Franco est une bonne surprise, où l’érotisme n’est pas gratuit, puisque l’histoire s’axe sur l’attirance des victimes envers la vampire. Soledad Miranda est magnifique, la réalisation agréable, et la musique finit de mettre l’ambiance. Sympathique.

Publié dans Critiques

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