Critique: Full Metal Yakuza

Publié le par Rick Jacquet

FULL METAL YAKUZA

Full metal yakuza
Titre original : Full metal gokudô
1997 - Japon
Genre: Policier n'importe nawak
Réalisation: Takashi Miike
Musique: Kôji Endô et Sound kids
Scénario: Itaru Era
Avec Tsuyoshi Ujiki, Tomorowo Taguchi, Takeshi Caesar, Shôko Nakahara et Ren Osugi


Un jeune Yakuza, Hagane, tout au bas de l'échelle, est pris en sympathie par son grand patron, le chef du clan Tousa, alors que celui-ci se prépare pour une expédition punitive. Celle-ci tourne mal et Tousa finit en prison pour plusieurs années. À sa sortie de prison, Hagane, toujours aussi lâche, est chargé d'aller le chercher. Seulement il n'est pas le seul à l'attendre et se retrouve au beau milieu d'un règlement de compte qui vise son patron. Laissé pour mort, Hagane est cependant recueilli par un scientifique : Hitagu Genpaku, qui a décidé de faire de ses restes, mélangés à ceux de Tousa, un homme parfait, mi-homme mi-machine, près à rendre service à la société. Cependant, c'est sans compter sur le désir de vengeance de Hagane, dont les nouveaux pouvoirs lui donnent enfin la dimension de ses ambitions : devenir un vrai Yakuza.

Encore une fois, la preuve est là, Takashi Miike est un fou furieux, et c’est pour ainsi dire pour cela qu’on l’aime autant ! Vous l’aurez comprit, avec Full metal Yakuza, Miike reprend comme souvent le thème du film de gangster pour nous surprendre et aller vers des horizons bien différents, comme 95% de ces films (Fudoh et ses délires gore, Silver et son côté SM, Dead or Alive et son final en forme de manga, Gozu et son côté Lynchien, la liste est bien longue). Ici, on pourrait dire qu’il s’attaque à Robocop, pour nous donner sa version de l’homme machine. Sauf que contrairement à Robocop, notre personnage n’a rien d’un policier, ni d’un héros, c’est plutôt l’inverse. Yakuza de bas étage, paumé, lâche, incapable de devenir violent, et même éjaculateur précoce, il est la risée de tout le monde, et Miike appuie bien sur ce point dés le départ. Sa copine se moque de lui, les gens dans la rue le maltraitent, rien à sauver de lui en quelque sorte. Et pourtant dans le fond, il s’agît d’un homme bien. Chose bien rare dans le milieu des yakuza. Seul son patron semble un tant soit peu un homme bien, d’honneur, juste. C’est la seule personne qui sera là pour lui, pour lui montrer de la compassion et de l’intérêt. Mais les choses ne durent pas, puisque après un carnage au katana dans la rue, Tousa, son boss, se retrouve en prison. La vie va alors devenir dure pour Hagane, notre apprenti yakuza, et il sera encore plus la cible des autres. Quelques années passent, et Tousa arrive enfin à la fin de sa peine. Tout aurait pu rentrer dans l’ordre, mais les choses ont beaucoup bougées dans le milieu, et les nouveaux dirigeants sont des gens indignes, cruels, sans honneur. Pensant que Tousa est de trop dans cette ville et que Hagane n’est qu’un incapable, ils vont finir par les tuer. Fin de la première partie, classique, mais sanglante, où l’on retrouve tout ce qui fait un bon film de yakuza, et un personnage principal attachant.

La seconde partie, celle où Miike va se lâcher totalement, commence. Hagane n’est pas mort. Son corps, ainsi que celui de Tousa, est récupéré par un savant fou, interprété par nul autre que Tomorowo Taguchi (L’homme de fer de Tetsuo, ou encore le clochard dans All night long 3). Le film va alors enchaîner les situations, toutes plus délirantes les unes que les autres. Devenu un cyborg, doté d’une vision infrarouge et de nuit, mais également d’un corps en métal et d’un pénis géant, Hagane va devoir s’habituer à son nouveau corps, et surtout, à sa nouvelle nourriture, puisque la seule lui fournissant de l’énergie, et bien, il s’agît d’objets en métal. Heureusement, rien de mieux que de tremper de la ferraille dans du lait pour faire passer tout ça et relever le goût. Miike ira bien plus loin encore dans le délire, avec notamment une belle chorégraphie pour éviter les balles et une berceuse pour permettre à Hagane de se calmer. Quant au pénis géant, et bien, il ne sert pas à grand-chose, si ce n’est de rigoler un bon coup devant tant de culot. Dans des séquences hilarantes, Hagane utilisera ses nouveaux pouvoirs pour terroriser quelques emmerdeurs du quartier qui l’avait précédemment martyrisé, avant de partir dans sa quête de vengeance contre les boss yakuza, dont l’un est interprété par le génial (je ne m’en lasserais jamais de le répéter Ren Osugi, qui se fera ici décapité et verra sa tête traverser la ville en volant pour atterrir dans le bureau d’un autre boss). Malgré ses nombreux délires et son aspect fantastique, voir de science-fiction, Full Metal Yakuza suit en tout point la forme classique d’un film de genre, comme Miike sait si bien les faire.

La partie vengeance commence alors, toujours entre second degré et sérieux, et surtout, effusions de sang en grosse quantité. Notre Full Metal Yakuza s’en donnera à cœur joie, passant de lâche à justicier, en décapitant, transperçant ou criblant de balles la vermine de la ville, qui n’obéit plus vraiment au code d’honneur, pour ne penser qu’à eux, leurs bénéfices, et ce qui leur rapportera le plus d’argent. Mais fort heureusement, il n’y a pas que du délire et du sang dans le film, puisque Miike ajoute une grosse touche d’humanité fort bien venue. En revenant à la vie, Hagane n’est pas seul, puisqu’il a fusionné avec son boss. Ils ne forment alors plus qu’un, et sa quête de vengeance prend alors rapidement un double sens intéressant. L’histoire reprendra même le dessus dans son final, en donnant plus d’importance à un personnage féminin, l’ex-copine de Tousa, qui tombera amoureuse de Hagane. Partie du métrage faisant certes descendre le rythme du métrage, mais apportant de nouveaux éléments importants et parfois touchants, malgré le triste sort de ce personnage, qui finira violée (sort que Miike lui réservera à nouveau dans son film Visitor Q, une autre bombe). On pourra regretter certains effets spéciaux assez limites, mais cela n’empêche en aucun cas à savourer le film pour ce qu’il est : un énorme foutoir où Miike fait tout ce qu’il veut, avec peu d’argent, mais on se montrant généreux sur tous les points, que ce soit le sexe, le sang, l’humour, le délire. Une autre grande réussite, malheureusement encore inédite en France.

NOTE: 17/20
En bref: Un nouveau délire complètement barré, jouissif, gore, hilarant par moment, rythmé, et pourtant intéressant et juste, sur une histoire classique et improbable.

Publié dans Critiques

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