Critique: Gozu

Publié le par Rick Jacquet

GOZU

Gozu
Titre original: Gokudô kyôfu dai-gekijô: Gozu
2003 - Japon
Sortie française le 14 Juillet 2004
Genre: Thriller
Réalisation: Takashi Miike
Musique: Koji Endo
Scénario: Sakichi Sato
Avec Hideki Sone, Sho Aikawa, K. Yoshino, Shohei Hino et Tetsuro Tanba


Minami et Ozaki sont deux yakuzas inséparables depuis que le second a sauvé la vie du premier. Ozaki ne supporte plus le stress de son existence de criminel et présente des signes de paranoïa aggravée. Alors qu'il soupçonne un chien d'être anti-yakuza, son boss décide qu'il est temps de l'envoyer ad-patres et demande à Minami de l'emmener à Nagoya et de s'en débarasser. En route, Ozaki disparaît mystérieusement.

Gozu, de Takashi Miike. Un autre film fou, mélange entre l'univers cher au réalisateur (les Yakuza, la folie du début et le délire de la fin) et l'univers de David Lynch. Et oui, un habile mélange de ses deux univers. En effet, le film commence sur un brin de folie, lorsque Ozaki, surnommé Aniki par Minami, commence à perdre la boule, et à voir des anti-yakuza partout, que ce soit dans une simple voiture qui roule derrière eux ou encore dans un minuscule petit chien qui le regarde par la fenêtre. Pour un spectateur non avertit, ces scènes peuvent paraître d’un grotesque absolu. Peu être étais-ce ce que voulait Takashi Miike. Néanmoins, aussi folles soient ces scènes, elles baignent dans une atmosphère particulière grâce au talent du compositeur, Koji Endo, qui à quelques exceptions prés (Ichi The killer), a composé la musique de tous ces films. La musique de Gozu est très étranges, autant à la vision du métrage que pour les oreilles. Mélange de sonorités étranges, de grincements, elle met en place l’atmosphère dés les premiers instants.

Pour le scénario, Miike est à nouveau entouré par Sakichi Sato, qui avait écrit l’adaptation de Ichi the killer. Mais comme le fan le sait, Miike a la fâcheuse habitude de modifier souvent son script de manière folle pendant le tournage, laissant libre ses idées. Enfin, revenant au film, revenons à Gozu. En chemin pour se débarrasser de Ozaki, Minami s'arrête dans un restaurant à Nagoya, lieu où il devait l'emmener, pour manger, et en sortant, Ozaki a disparu. Plus une trace. Il va alors se lancer à sa recherche et faire la connaissance des habitants étranges du village. Et c'est là que le film se lance dans l'aventure Lynchienne. Hallucinations, personnages inquiétants, tout est là. On se croirait en train de regarder Twin Peaks, où encore mieux tellement la ressemblance est frappante, Sailor et Lula. Le rythme sera assez lent, et le spectateur ira de surprises en surprises, de lieux en lieux, d’habitants en habitants, devant faire une croix sur la rationalité telle qu’on la connaît pour se plonger dans le monde à part de la ville de Nagoya. Une ville comme les autres en apparence, comme on en voit tant au Japon. Mais la ville n’est tranquille et classique qu’en apparence, puisque sous la petite ville tranquille, il y a bien pire. Ces habitants au comportement étrange vont vite s’avérer un danger pour Minami. Il devra même se méfier de ses “alliés”. Dés son arrivée, il se rend compte de l’ambiance. Les seuls clients d’un restaurant ne font que discuter du temps qu’il faisait hier.

Et cela va empirer au fur et à mesure. Trouver l’aide d’un ancien gang après avoir répondu correctement à une énigme, Minami sera secondé dans ses recherches par un homme ayant une maladie, une défragmentation de la peau. Charmant, mais le personnage en question s’avére particulièrement gentil envers lui. Peut être même un peu trop, puisqu’il aura beaucoup de mal à vouloir le quitter, même la nuit à l’hôtel. On ne saura jamais quelles sont ses vraies intentions, puisque cela n’intéresse pas le réalisateur, préférant suivre Minami dans sa ballade chez les fous, dans sa quête. Quête ou, en plus de retrouver son ami, il finira par se retrouver lui même, trouvant en quelque sorte sa voie. Les autres personnages, importants ou non, sont du même acabit. La gérante de l’hôtel sert du lait à ses clients qu’elle confectionne ele même et vient leur frotter le dos pendant qu’ils se lavent, l’américaine de l’épicerie arrive à dialoguer en japonais en lisant des réponses préécrites sur un mur. Autant de personnages et de situations étranges qui donnent l’impréssion de regarder un film de Lynch se déroulant au Japon, ce qui nous emmène dans un lieu étrange et déroutant, mais familier. D’autant plus que Miike, comme Lynch, contraste l’humour et l’étrangeté dérangeante, ainsi qu’une dose de sexe. Et lorsque Minami croit enfin qu’il sera récompensé de ses efforts en retrouvant Ozaki, il ne trouvera qu’une femme. Sorte de clé de l’énigme, qui donnera la réponse à toutes les questions. A condition, comme Minami, que le spectateur la croit.

NOTE: 20/20
En bref: Une ballade chez les fous, menée à un train d'enfer, des personnages totalement barrés, des scènes d'anthologie (le final). Gozu est un film drôle, triste, étrange, déroutant, sanglant, tout à la fois.

Publié dans Critiques

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