Critique: Shadow of the Wraith

Publié le par Rick Jacquet

SHADOW OF THE WRAITH
Shadow of the wraith
Titre original : Ikisudama
2001 - Japon
Genre: Fantastique
Réalisation: Toshiharu Ikeda
Musique: Tomohiko Kira
Scénario: Masaya Osaki et Setsu Yamaguchi d'après le manga de Nanaeko Sasaya
Avec Kôji Matsuo, Yuichi Matsuo, Hitomi Miwa et Asumi Miwa

Le film nous propose de suivre deux histoires. Dans la première, Ryoji Yoshino est amoureux de Mariko. Epanouit, d’autant plus qu’il est chanteur et guitariste dans un groupe avec son frère, sa vie va peu à peu basculer lorsque Asaji, une camarade de classe un peu étrange et n’ayant pas d’amis, tombe amoureuse de lui, et semble avoir le don de se dédoubler. Dans la seconde histoire, nous suivons Kauzihiko, le frère de Ryoji. Une jeune fille, Naoko, et sa famille emménagent dans l’appartement à côté de celui de sa sœur. Apparemment, les résidents des trois appartements d’en dessous sont morts mystérieusement, et ceux du dessus également.

Toshiharu Ikeda est un réalisateur bien connu pour avoir mis en scène le premier épisode de la saga Evil dead trap. Non content de la première suite faite à son film, il fera en 1993 le troisième opus, passé totalement inaperçu, et totalement inconnu. Ikeda aura réussit à amener au Japon un cinéma d’horreur plus occidental, plus récent, en rendant hommage aux giallo. Il aura fallut attendre 2001 pour le voir revenir au cinéma d’horreur avec ce film, Ikisudama, ou Shadow of the wraith aux Etats Unis, puis en 2005 avec le fantastique polar Hasami Otoko (ou Man behind the scissors aux Etats Unis.) Un metteur en scène intéressant à suivre, dont les œuvres sont toutes inédites en France, et parfois même très difficile à trouver, même en import (Evil dead trap 3 n’étant sortit qu’en VHS à l’époque). Pour ce grand retour en 2001, Ikeda n’a pas une, mais deux histoires à nous raconter, donnant à son métrage, malgré un lien entre les deux, la forme d’un film à sketch. Malheureusement, et nous le savons bien, les films à sketchs sont en général très inégaux. C’est donc avec une petite crainte que commence la vision du film. Crainte qui s’effacera très rapidement, malgré, dés le départ, des choix difficiles. Pour interpréter les deux héros des deux histoires, nous nous retrouvons devant les frères Matsuo, véritables musiciens du groupe Doggy Bag. Des stars de la J-Pop donc. Finalement, ils s’en sortent tous les deux plutôt bien. Intéressons-nous tout d’abord à la première histoire, mettant en scène Ryoji. Il vit une histoire d’abord tout ce qu’il y a de plus banal avec Mariko. Tout irait pour le mieux entre les deux tourtereaux s’il n’y avait pas Asaji, une jeune fille réservée, ne parlant presque pas, amoureuse de Ryoji.

C’est alors avec un très grand plaisir que le connaisseur reconnaîtra dans le rôle de Asaji la jeune Hitomi Miwa, ayant débutée dans Misa the dark angel (troisième opus de la saga Eko Eko Azarak) puis ayant jouée dans plusieurs excellents films, dont le premier Ju-On, Crazy lips et sa suite Gore from outer space, mais également Lovesick dead (ou Love ghost, titre du dvd américain) d’après Junji Ito. Un visage bien connu donc, qui viendra apporter force, caractère et beauté au personnage, et surtout, à l’histoire, puisque l’ensemble de ce segment tiendra sur ces épaules. Dés les premiers instants, elle nous est présentée comme une fille froide, ayant le don de se dédoubler, ce qui provoquera la peur chez ses camarades de classe. Les bruits de couloirs se feront nombreux la concernant, mais Asaji s’en manque, puisque la seule chose l’intéressant est Ryoji, quitte à se débarrasser de ses concurrentes en les tourmentant et les poussant à la mort. Une intrigue classique certes, mais ce que Toshiharu Ikeda en fait la transcende, et Hitomi Miwa incarne à la perfection la folie amoureuse du personnage, traversant les lieux comme un fantôme. Le réalisateur donne tout ce qu’il peut, au niveau des effets sanglants, des éclairages, des effets de style, et aidé par Tomohiko Kira à la musique (compositeur des deux opus de Evil dead trap qu’il a réalisé), ils créent ensembles une ambiance unique et obsédante, qui, sans  faire peur, envoûte. Pratiquement un sans faute pour cette première histoire, et si la seconde aurait été à la hauteur, Shadow of the wraith aurait pu être un excellent film.

Mais la seconde histoire débarque, reprenant uniquement le personnage de Kauzihiko, le frère de Ryoji. Pour ce segment, le réalisateur semble beaucoup moins inspiré, tout comme le compositeur, et l’histoire, toujours classique, ne parvient pas à nous faire ressentir une quelconque émotion. Naoko arrive dans l’appartement 505 avec ses parents, quittant leur ancienne maison. Le destin semble les poursuivre, puisqu’en un seul été, trois de leurs voisins étaient morts. Ici, ils débarquent dans un appartement, dont les résidents du dessous et du dessus meurent, les uns après les autres. Une malédiction semble frapper cette résidence, et Kauzihiko, dont la sœur habite l’appartement d’à côté, va tout faire pour découvrir ce qu’il se passe, et sauver Naoko. Pour jouer la jeune femme, nulle autre que la vraie sœur dans la vie de Hitomi Miwa, Asumi. Elle n’est pas inconnue dans la profession, ni dans le genre, puisqu’elle a déjà joué aux côtés de sa sœur dans le premier Ju-On et dans Lovesick dead, ainsi que dans le très réussit Uzumaki et, plus récemment, dans The great Yokai War, de Takashi Miike. Malheureusement, l’histoire, bien trop classique ici, a bien du mal à prendre, et Ikeda semble moins inspiré pour mettre en scène cette banale histoire de malédiction, avec son fantôme de petite fille se cachant dans un placard. Malgré quelques très beaux plans et un rythme soutenu, ce segment déçoit et baisse le niveau de l’ensemble du métrage, sans pour autant être désagréable. On vient à penser qu’il aurait été préférable que les deux histoires sortent séparément, en deux films d’une heure chacun. Shadow of the wraith reste cependant un bon film de genre, dont on retiendra surtout sa première histoire.


NOTE: 14/20
En bref: Une première partie envoûtante, musicalement et visuellement parfaite, portée par le talent de Hitomi Miwa, précédant une seconde partie banale et décevante. Dommage.

Publié dans Critiques

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